Je suis entrée pour la première fois dans un monastère tibétain en 1977, c'était au Nord de l'Inde, au Laddakh, région alors nouvellement ouverte aux étrangers.
En 1997, après des années d'interrogations et de rendez-vous manqués, j'ai rencontré mon premier maître, alors que j'étais à Darwin, absolument pas à sa recherche. Mais comme on le dit, "le maître apparait lorsque l'élève est prêt", et si on rentrait dans les détails et circonstances de cette rencontre, on pourrait réellement parler d'apparition... mais là n'est pas le sujet.. restons terre à terre.
Depuis 2015, j'ai la joie de pouvoir enseigner les yogas tibétains. Dont une page froissée avec des croquis m'avait été donnée par Anila, en 1997, en me disant, "tiens, c'est pour toi, peut être que tu peux en faire quelque chose"... Sauf que j'étais raide comme un bout de bois, il n'y avait quasi pas d'explications, je n'étais pas patiente, j'ai mis le papier de côté... jusqu'à ce que ces fameux yogas tibétains me tombent dessus en même temps, le même jour, à travers les mots ami que je surnomme désormais "le messager"... ;-))
Ceux qui me connaissent en ayant reçu des enseignements de ma part au sein de retraites ou de formations vont dire « mais que lui arrive t’il alors qu’elle ne jure que par le système tibétain ? ».
Car il est vrai, je suis une fervente défenderesse et protectrice de ces pratiques si précieuses, et parfois même un peu dure avec les élèves futurs professeurs afin qu'ils respectent l'intégrité des pratiques et des lignées. Ce qui ne m'empêche pas d'être rimé bien entendu, c'est à dire, pratiquante de plusieurs lignées.
Pour simplifier, j'aime le gateau au chocolat, j'aime la raclette, mais je ne fais pas fondre ma raclette sur le gateau. De même que je n'aime pas la cuisine "sucré-salé"... mais que je mange autant du sucré que du salé...
Alors pourquoi le yoga thaïlandais Ruesi Dat'Ton et pourquoi les massages thaïlandais traditionnels ?
J’ai, comme certains le savent, quelques maux diagnostiqués sur ma colonne vertébrale (rétrolisthésis, hernie discale, sténose, dégénérescence, etc… au niveau cervical + presque pareil niveau lombaire).
Ces dernières années, c’est en pratiquant les yogas tibétains que j’ai pu continuer à être ok.
En 2023, alors que nous passions l’automne en Thaïlande, j’ai reçu quelques massages. Immédiatement, mes résultats très satisfaisant en terme de soulagement de la douleur m’ont fait comprendre qu’il y avait là un domaine à explorer.
Quelques mois plus tard, nous étions de retour en Thailande, cette fois pour plusieurs mois afin d’être formée à la technique du massage Nuad Bo’Rarn qu’il me semble impératif de faire connaître tant son efficacité est sidérante. C’est d’ailleurs cette efficacité exceptionnelle qui fait que cette technique a rejoint, en 2019, le patrimoine immatériel de l’Unesco…
Durant les cours que je recevais, un jour je vois sur le mur de la salle de classe, un poster présentant un ensemble de dessins que je n’arrive plus à quitter des yeux, entendant à peine le professeur en premier plan. Chaque dessin représentait un yogi effectuant des postures ressemblant à du yoga tibétain…
J’ai ainsi cherché plus loin et rapidement intégré l’univers de cette pratique, le yoga Ruesi Dat Ton, qui en fait à l’origine de la pratique du Nuad Bo’Rarn.
Intégrer le Ruesi Dat Ton était aisé car j’ai l’habitude du yoga tibétain Kum Nyé, lequel travaille sur la libération de la douleur à travers la lenteur et l’ouverture intérieure.
Tel que le dit David Wells dans son livre : « Certaines techniques du Reusi Dat Ton sont similaires ou presque identiques à certaines techniques des systèmes de yoga tibétains tels que le « Yantra Yoga » ou le « yoga Kum Nyé », et les positions sont similaires à celles que l’on peut voir sur les fresques du mur Nord du Lukhang, temple situé au pied du Palais du Potala à Lhassa ».
Tel qu’il le précise, « certaines techniques du Reusi Dat Ton sont similaires ou presque identiques à certaines techniques des systèmes de yoga tibétains qui eux-mêmes incluent des aspects du Hatha Yoga indien ainsi que des techniques indigènes tibétaines Bön qui remontent à plusieurs milliers d’années.
Par exemple, certaines techniques d'auto-massage, exercices, poses, verrous neuromusculaires (bandhas en sanskrit), schémas respiratoires, ratios, visualisations et la manière dont les pratiquants masculins et féminins pratiqueraient différemment la même technique sont presque identiques.
Il est possible que le Reusi Dat Ton et certains systèmes de yoga tibétains dérivent d'une source commune, qu'ils ont apportée avec eux lors de leur descente des contreforts de l'Himalaya vers l'Asie du Sud-Est. Il existe également des techniques de Reusi Dat Ton qui sont tout à fait uniques et pourraient être originaires d'Asie du Sud-Est et qui ont ensuite été assimilées dans ce qui est devenu le système Reusi Dat Ton en Thaïlande. »
Du Yoga Tibétain au Yoga Thaïlandais
Le Lu Jong découle lui du Bön. Comme on l’a vu plus haut, les postures ressemblent aux fresques du mur Nord du Lukhang, temple au pied du Potala à Lhasa que j’ai eu d’ailleurs le bonheur de découvrir en 2018. Et certaines techniques découlent des systèmes de yogas tibétains tel que le Kum Nyé que j’enseigne également.
Comme vous le voyez, le Ruesi Dat’Ton est très imbriqué avec ces techniques du Lu Jong, du Kum Nyé et de certains Tsa Lung que je pratique.
Ouvrir mon univers du Yoga Tibétain au Yoga Thaïlandais était donc « juste, logique et évident ».
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